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Pourquoi est-il si important de savoir adapter son mode de vie et son alimentation à chaque saison de l’année ? Que signifie vivre et manger en accord avec les différentes saisons de l’année ?

1 – L’importance de vivre en harmonie avec les cycles naturels

De notre aptitude à s’adapter judicieusement aux variations de notre environnement, c’est-à-dire à la succession des saisons, aux changements de météo, des températures… dépendra en grande partie notre bonne santé. En tant qu’être humains, nous faisons partie de la multitude d’êtres vivants qui se sont développés sur la Terre depuis plusieurs millions d’années. Ce qui nous a permis d’évoluer et de survivre jusqu’à ce jour, c’est notre capacité à nous adapter continuellement aux changements environnementaux et climatiques. Au même titre que tous les autres mammifères, les oiseaux, les reptiles et même les plantes et les arbres, si nos facultés d’adaptation et d’ajustement aux changements extérieures sont insuffisantes, nous connaitrons la maladie, et si nous n’écoutons pas les signaux du corps, cela peut aller jusqu’à la mort. C’est une loi universelle à laquelle aucun être vivant sur Terre ne peut échapper, pas même les êtres humains. Autrefois, c’est-à-dire avant le XXᵉ siècle et le début de l’ère industrielle, cela tombait sous le sens. Nos dispositions à nous adapter aux changements extérieurs étaient presque innées, il était presque impossible de s’écarter des lois naturelles de survie des espèces. Mais à notre époque moderne où l’on peut manger des tomates et des fruits exotiques toute l’année, où l’on peut faire fonctionner l’air climatisé en été pour se rafraîchir dans la voiture et où l’on peut chauffer sa maison grâce à l’énergie atomique en hiver afin d’effacer les désagréments du froid, il semble bon de se rappeler ce que signifie vivre et manger en accord avec les saisons et les rythmes naturels.

2 – Les principales difficultés de l’humanité moderne à s’adapter au rythme des saisons

Le monde dans lequel nous vivons actuellement tend à nous couper de la nature et du rythme des saisons, surtout pour la population urbaine et péri-urbaine. La disponibilité de toute sorte d’aliments comme les fruits et légumes exotiques, les fruits et légumes d’été ou d’hiver, tout au long de l’année, dans la plupart des supermarchés, nous ont éloigné des cycles naturels. Si bien qu’il nous faut nous en remettre à des tableaux qui nous indiquent quels sont les fruits et les légumes disponibles selon la saison pour faire les bons choix ! Cet éloignement des êtres humains de leur environnement et des cycles qui les régissent est à l’origine de beaucoup de maladies physiques et psychologiques. Pour illustrer cette idée, on peut penser aux personnes qui doivent travailler de nuit dans des usines ou dans des hôpitaux, pendant de nombreuses années, et qui finissent par développer des pathologies physiques comme des dérèglements hormonaux (de la thyroïde par exemple) ou des dépressions nerveuses ou « burnout ». Car l’alternance jour/nuit fait partie de ces cycles naturels auxquels nous sommes soumis, et quiconque nie cette loi universelle qui nous impose de nous régénérer la nuit, connaitra tôt ou tard la maladie. L’arrivée de l’électricité dans les maisons, à la moitié du XXᵉ siècle, a aussi fortement contribuer à couper les êtres humains de ses biorythmes. La lumière artificielle, les écrans de la télévision et des ordinateurs, le chauffage électrique et bien d’autres innovations, ont créé un environnement artificiel, confortable, où l’on cherche à supprimer la moindre contrariété, mais dans lequel notre système nerveux est sans cesse sollicité, et notre corps sans cesse pollué par des ondes électro-magnétiques. Dans ce contexte de vie qui est celui dans lequel évolue une partie importante de la population mondiale, la capacité de s’adapter aux changements extérieurs est devenue une nécessité vitale, c’est la seule issue pour établir un monde dans lequel règnera la santé, l’harmonie entre les êtres humains et la nature ainsi que la paix sur Terre. Réapprendre à vivre et à manger au rythme des saisons et des autres cycles naturelles ne devrait pas être un luxe pratiqué par une minorité, mais un art de vivre observé par tout le monde, l’art de vivre sainement en harmonie avec les changements extérieurs perpétuels.

3 – Quelques mesures pratiques pour apprendre à manger en tenant compte des cycles naturels

Assiette macrobiotique équilibrée de début d’automne
  • Aller acheter les fruits et légumes sur le marché ou en direct chez les producteurs·trices locaux qui travaillent la terre de façon la plus naturelle et respectueuse possible. En général, les maraîchers qui travaillent en agriculture naturelle ou bio vendent surtout des fruits et légumes de saison, produit sur leurs terres ou bien à proximité. Si pour quelque raison que ce soit, vous n’avez pas l’occasion d’aller au marché ou chez un·e producteur·trice, cherchez un magasin bio qui vende des produits frais, de saison et locaux. La plupart des villes sont dotées de ce genre de commerces de nos jours.
  • Éviter de consommer trop d’aliments, de plats ou de boissons rafraichissantes pendant l’hiver. Cela correspond à tout ce qu’on qualifie de « Yin » en macrobiotique, aux aliments et préparations qui ont une énergie dilatatrice et refroidissante et qui vont nous affaiblir si on en consomme en excès. Cela comprend les fruits (surtout ceux qui poussent dans les tropiques), les salades de crudités, les jus et smoothies de fruits frais, les laitages comme le yaourt ou les laits de n’importe quel animal, le tofu non-cuit (le tofu doit toujours être cuisiné), les boissons alcoolisées qui se consomment habituellement fraîches, comme la bière ou les cocktails…
  • S’autoriser à manger plus d’aliments et de préparations Yang durant l’hiver, nous aidera à maintenir notre température corporelle. Ces aliments concentrent notre énergie, de telle manière que nous connaîtrons moins les désagréments en lien avec le froid et l’humidité. Cela signifie que l’on peut consommer un peu plus de sel de qualité non-raffiné et de condiments salés (miso, sauce soja, prune umebosis), plus de plats longuement mijotés (ragoûts de légumineuses), plus de plats cuit au four (pains, tartes, gâteaux…) et un peu plus de produits animaux (œufs, fromages, viandes blanches ou poissons) pendant les saisons froides de l’année.
  • Éviter de consommer trop d’aliments, de plats ou de boissons réchauffantes l’été. Cela correspond aux aliments ou préparations que l’on qualifie de « Yang » en macrobiotique, qui ont une énergie constrictive et réchauffante et qui vont nous inconforter quand on en consomme en excès. Cela correspond aux viandes de mammifères, aux volailles, aux charcuteries, aux fromages (surtout les secs et affinés), au sel en excès, au pain en excès, aux plats cuisinés ou mijotés pendant longtemps.
  • S’autoriser à manger plus d’aliments et de préparations Yin durant l’été, qui nous aideront à nous rafraichir et à nous adapter à la chaleur extérieure, à « ouvrir » notre corps, de telle manière que nous connaîtrons moins les sensations désagréables liées aux chaleurs estivales. Cela signifie que l’on peut consommer un peu plus de fruits (bio et locaux), de jus de fruits frais, d’eau en général (sans excès), plus de salades de crudités, de salades froides de céréales ou de légumineuses, plus de modes de cuisson légers, plus de boissons rafraissantes comme du kéfir, de la kombucha ou d’autres boissons fermentées peu ou pas alcoolisées.
  • Profiter du printemps pour se nettoyer de l’intérieur, faire des cures « détox », sans forcément jeûner, mais simplement en faisant attention pendant 1 mois à ne pas manger trop d’aliments d’origine animales ou trop riches en graisses saturées. On privilégiera durant ces périodes de « Détox post-hiver » des aliments végétaux, des céréales comme l’orge, l’avoine, le petit-épeautre ou encore la quinoa, qui participeront au nettoyage du corps. Ou encore des protéines végétales comme les légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots en tout genre…) ou les dérivés du soja comme le tofu, le tempeh ou le natoo. Les légumes-feuilles (orties, pissenlit, roquette, salades…) seront tout à fait conseillés pour favoriser l’élimination par l’organisme des toxines et graisses accumulées pendant l’hiver, ils renouvelleront notre sang qui se trouve souvent pollué par une alimentation trop riche en graisses et protéines animales durant la saison froide.
  • Essayer de manger tôt le soir (avant 20 h) et un peu plus léger que les autres repas de la journée (si possible végétarien), afin de permettre à notre organisme de se reposer et de complètement se régénérer durant la nuit. Une des causes premières d’insomnie se trouve dans l’excès de nourriture avant d’aller se coucher, des repas trop riches, trop protéinés, trop gras… Selon la loi naturelle d’alternance du jour et de la nuit, la période de la nuit est un moment de régénération et de repos total. Les personnes qui mangent en excès le soir et un peu trop tard ignorent cette loi et s’exposent sur le long terme à des pathologies plus ou moins sérieuses s’ils ne changent pas leurs habitudes.

4 – Quelques mesures pratiques pour apprendre à vivre avec les saisons

  • Profiter de l’automne et de l’hiver pour se recentrer, pour se recueillir, se retrouver avec soi-même. Le mode vie moderne standard semble nous dicter son rythme effréné tout au long de l’année, il faut être productif et rentable aussi bien l’été que l’hiver ! Mais si l’on observe un minimum la nature, durant l’hiver, tout semble à l’arrêt, certains mammifères hibernent plusieurs mois, les arbres feuillus et certaines plantes vivaces perdent leurs feuilles pour concentrer leur énergie dans leurs racines… Il y a beaucoup d’autres exemples qui illustrent ce propos. L’être humain, comme tous les êtres vivants, doit adapter son rythme de vie selon la saison et se doit donc de ralentir pendant les saisons froides ou la nuit prédomine (du 21 septembre au 21 mars). S’il ne le fait pas, il tombe malade et s’épuise, plus ou moins gravement selon le degré auquel il s’éloigne de cette loi naturelle.
  • Profiter du printemps et de l’été pour vivre dehors au maximum, développer des activités en lien avec les autres, pour être davantage en lien avec l’extérieur. Le printemps est la saison idéale pour entreprendre de nouveaux projets, pour matérialiser des souhaits et des aspirations que nous avons cultivées pendant l’hiver. Selon la macrobiotique et la médecine tradionnelle chinoise, le printemps est une période d’expansion maximale de l’énergie, où l’on voit certains animaux sortir de leur hibernation, durant laquelle les feuilles rhabillent les arbres et les plantes jaillissent de la Terre. C’est aussi pour nous, en tant qu’êtres humains, l’occasion de s’adapter à ce changement en passant plus de temps dehors, dans la nature, dans son jardin, afin de se nourrir de la lumière naturelle du soleil dont nous avons été carencés durant l’hiver.
  • Écouter ses besoins profonds et authentiques, sur le plan psychique, physiologique et émotionnelle. Quand notre corps nous indique qu’il est temps de nous reposer après un été à courir par monts et par vaux, c’est qu’il est impératif de le faire. Sans quoi, des symptômes apparaitront rapidement (fatigue chronique, états grippaux, baisse de moral, infections respiratoires…). Il est plus facile de se sentir plein d’énergie au printemps pour s’engager dans des activités lorsque l’hiver a été mis à profit pour recharger ses batteries. Apprendre à écouter ses besoins profonds demande de la volonté, car les tentations et les opportunités de ne pas écouter son corps sont nombreuses, que ce soit les propositions de sorties, les propositions de fêtes, de repas, etc. Il est aisé de choisir d’être sans cesse entouré des autres pour ne pas se retrouver seul·e et ne pas prendre soin de soi. C’est pourquoi, pour les personnes ayant tendance à être toujours occupé et tourné vers l’extérieur, prendre soin d’elles, s’arrêter et rester seule pourra leur demander un gros effort de volonté. Cette attention portée à soi et ses besoins profonds est une des clés de l’adaptation aux changements de saison. Cette compréhension nous permet de rester en bonne santé tout au long de l’année et nous garantit une stabilité de notre énergie et de nos humeurs.

5 – Les outils qu’offre la macrobiotique pour vivre en accord avec les rythmes naturels

Schéma des 5 transformations de l’énergie, utilisé en macrobiotique et en médecine tradionelle chinoise

La philosophie macrobiotique s’appuie sur une cosmovision vieille de 2000 ans qui nous offre une meilleure compréhension des lois universelles. Par la mise en pratique dans sa vie quotidienne des grands principes de cette philosophie, nous comprenons mieux comment adapter notre mode de vie et notre alimentation à chaque changement de saison. Parmi ces principes, celui des énergies Yin et Yang, opposées et complémentaires, est au centre de la macrobiotique et de la médecine traditionnelle chinoise. Sa compréhension et sa mise en application permettent de faire des choix appropriés pour rester en bonne santé. Lorsque l’on comprend par exemple que l’hiver est une saison de contraction maximale de notre énergie, due au froid et à l’humidité, que l’organisme cherche à conserver sa chaleur interne, alors on cesse de consommer des aliments qui vont disperser notre énergie et notre chaleur comme les fruits, les crudités et les boissons alcoolisés en excès. La macrobiotique n’a en fait rien inventé, elle se base sur l’observation de la nature et des phénomènes se manifestant devant nous. Les grands·es médecins et les grands·es philosophes des temps anciens observaient attentivement ce qu’il se passait autour d’eux·elles et en eux·elles. À partir de ces observations, ils·elles tiraient ensuite des leçons, des conclusions et des lois. De nos jours, peu de gens prennent le temps d’observer, de s’arrêter pour contempler la nature et accueillir en eux les messages de leur corps, leurs ressentis et leurs sensations. La macrobiotique nous invite à nous connecter à notre environnement, à notre corps, à nos émotions, au dialogue incessant entre le corps et l’esprit. Ceci est la base pour apprendre à s’adapter aux changements, sans cette écoute attentive, les messages du corps ne seront pas correctement interprétés, voir pas du tout entendus, et l’équilibre délicat que représente notre santé sera menacé. Parmi les différents outils proposés par la macrobiotique pour mieux comprendre la manière selon laquelle l’énergie opère en nous au fil des saisons, il y a le schéma des 5 transformations de l’énergie. Les 5 éléments qui y sont représentés correspondent aux 5 saisons (selon les extrêmes-orientaux). Le feu correspond à l’été, la terre correspond à la fin de l’été (du 15 août au début octobre en Europe de l’Ouest), le métal correspond à l’automne, l’eau correspond à l’hiver et le bois au printemps. Puis à chaque saison correspond un couple d’organe, par exemple pour l’hiver les reins et la vessie. Sans rentrer plus dans les détails, ce schéma nous aide à adapter nos habitudes de vie et nos habitudes alimentaires à chaque saison. L’étude de ce schéma pourra faire l’objet d’un article dans le futur, et si vous voulez en savoir plus sur la théorie du Yin-Yang et la macrobiotique, vous pouvez consulter l’article de Wikipédia qui en présente très bien les grandes lignes : Macrobiotique — Wikipédia (wikipedia.org).

J’espère que cet article vous aura quelque peu éclairé et que vous pourrez mettre ces idées en pratique. En attendant le prochain article, prenez soin de vous et bon chemin vers la connaissance de vous-même !

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